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Images: la faiblesse du spectateur ou la force de l'image?

Dernière mise à jour : 28 juin 2020

Le cinéma est un art basé sur la contrainte de l'œil humain, plus précisément sur son incapacité de distinguer les images au-delà d'un certain nombre de séquences d'images. On pourrait même dire que l'art s'appuie sur l'imperfection du sens de la vue et de son organe - l'œil. La perspective de la Renaissance, le trompe-l'œil, la grisaille sont devenus possibles grâce à l'impossibilité de l'œil de définir une frontière nette entre l'image et la réalité. Est-ce donc la force de l'image ou la "faiblesse" du spectateur? Cette question est aussi, en quelque partie, liée au fait de regarder des images "douloureuses", tristes, sombres bien qu'elles n'apportent pas un plaisir évident au spectateur.

Pourquoi trouve-t-on une certaine beauté des images du film « Le sel de la Terre » même de celles qui nous montrent un côté sombre et même violent de l'être humain? Ces cadres sont devenus des personnages eux mêmes, ce sont eux qui guident l'histoire, c'est grâce à eux que l'histoire se déroule et se raconte. Toutes les images qui en font partie – celles qui montrent l’harmonie de l’univers et celles qui sont l’enregistrement des atrocités humaines – leur alternance est un témoignage de la vie de notre planète. Ces photographies sont de vrais personnages du film car ce sont elles qui agissent et c’est autour d'elles que les actions se déroulent. Malgré le fait que certaines images soient difficiles à regarder, le spectateur reste devant l’écran même si a posteriori il peut se rendre compte que les avoir vues était dur, parfois même traumatisant. Cependant, nous restons devant l’écran malgré notre volonté ou malgré notre mauvaise volonté, malgré parfois des raisons rationnelles car la force des images peut parfois dépasser la raison et être supérieure à nos désirs ou non-désirs. Leur puissance se repose sur les "failles" de nos sens. Elle réside donc dans le domaine du sensoriel. Les sens, qui, selon Nietzsche, nous trompent, contribuent à la création artistique puisque permettent, entre autre, de jouer sur l'imperméabilité entre le réel et l'imaginaire.

Les images nous attirent, captent notre attention et notre être tout entier. Ainsi la question de la vue est liée à la question des images, des écrans dont la puissance oriente parfois notre vue et influence nos autres sens.

La force de l'image n'est pas inconditionnelle, car la condition de sa présence est l'existence d'imperfections de l'organe de la vue. C'est aussi la force de l'homme, de transformer ses failles et ses faiblesses en puissance, par exemple, en art. C'est la force de l'homme de pouvoir faire des erreurs et c'est ce qui le distingue d'une machine.




 
 
 

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